Légende photo : Duncan Falconer sur le toit de l'hôtel Al Hamra (Bagdad)
Je vous avais parlé d'un texte de Duncan sur sa rencontre avec le SBS... le voici ! Bonne lecture et bon week-end...
"Lorsque je plongeai pour la première fois en France, ce fut avec le Commando Hubert, une unité de nageurs de combat d’élite de la marine française. Six membres du SBS, dont moi-même, avions pris la route dans nos Land Rover au départ de notre base de Poole, dans le Dorset, pour rejoindre le QG du Commando Hubert près de Toulon et y passer quelques semaines à « jouer » ensemble. Je pense qu’il s’agissait alors d’un premier test dans la perspective de futurs entraînements en commun. Les Navy SEALs américains avaient déjà noué des relations régulières avec cette unité française, comme avec nous-mêmes, et je pense que leur manière de faire nous avait inspiré. Les Américains équipaient également le SBS et le Commando Hubert en propulseurs sous-marins.
N’importe qui aurait pu s’attendre à ce que deux unités d’élite accomplissant des missions très similaires soient curieuses l’une de l’autre lors de leur première rencontre, mais lorsque ces unités étaient britanniques et françaises, l’atmosphère ne pouvait être qu’électrique.
Le premier contact fut extrêmement cordial et l’hospitalité française formidable comme à son habitude. Au cours de notre première soirée les uns avec les autres, nous conversâmes poliment autour de quelques verres de vin. Je ne me rappelle pas que nous ayons abordé le moindre sujet militaire. Ce ne fut que le lendemain matin que se développa la véritable atmosphère qui accompagnerait le reste de notre séjour. Tout commença par un simple jogging entre les six membres du SBS et une section du Commando Hubert. Il n’était censé s’agir que d’une petite course de mise en forme destinée à nous faire découvrir les environs. Cependant, au bout de quelques kilomètres, nous commençâmes presque imperceptiblement à allonger nos foulées. Je ne sais pas qui commença vraiment, eux ou nous, mais courir épaule contre épaule nous poussa inévitablement à accélérer la cadence. Les hommes du Commando Hubert avait développé des conditions physiques similaires aux nôtres, dictées par les spécificités de notre boulot. Nous avions les mêmes particularités que des triathlètes et privilégiions l’endurance, alors que nos collègues américains préféraient développer leur musculature et leur force. Après plusieurs kilomètres, quatre d’entre nous s’étaient détachés en tête des coureurs, deux hommes de chaque unité – j’étais moi-même un bon coureur à l’époque et je faisais partie de ces quatre hommes. Comme nous ne connaissions pas le parcours, nous collâmes aux deux hommes du Commando Hubert qui couraient en tête, même si je pensais sincèrement que nous pouvions encore accentuer notre pression. D’un autre côté, je me demandai s’ils ne retenaient pas eux-mêmes leurs foulées pour que les hommes derrière nous évitent de se perdre. Après six ou sept kilomètres, nous débouchâmes sur un sentier qui coupait à travers bois et l’un des hommes du Commando Hubert nous cria alors que notre petite course touchait à sa fin. Aussitôt, nous nous élançâmes comme des chevaux au départ d’une course. Lorsque je vis l’extrémité du sentier, j’accélérai encore - j’étais meilleur sprinter que coureur de fond – et je finis premier devant tous les autres. J’étais plutôt fier de moi et heureux d’avoir placé le SBS en tête pour cette première journée de travail en commun. Malheureusement, ni moi ni les autres membres du SBS ne fûmes capables de réitérer cet exploit les jours suivants. Nous ne fîmes que quelques séances de jogging de plus, mais comme nous connaissions désormais la route, les deux gars du Commando Hubert qui étaient de bons coureurs abandonnèrent leur réserve et firent la course en tête à chaque fois.
Nous passâmes le reste de notre temps à plonger ensemble, travaillant principalement sur les techniques d’explosions sous-marines – et, juste pour le plaisir, nous effectuâmes quelques plongées à la recherche de corail noir du côté de Saint Tropez. Je me rappelle que notre séjour s’était déroulé en pleine saison hivernale pour la simple raison que j’avais éprouvé une énorme déception à voir les fameuses plages désertées par les célèbres beautés tropéziennes. Nous passâmes aussi plusieurs jours à nous entraîner au maniement des armes, à effectuer des sauts en parachute ou à visiter les installations du Commando Hubert. Les journées étaient agréables et le temps s’écoula très rapidement.
Je ne suis jamais retourné auprès du Commando Hubert et, à ma connaissance, les deux unités d’élite n’ont pas développé d’autres projets d’entraînements en commun. Je serais incapable de dire pourquoi. Peut-être nos procédures opérationnelles différaient-elles trop ? Je me rappelle que notre Boss avait regardé d’un œil sévère le vin servi aux repas de midi – nous avions reçu pour ordre de ne pas en boire. Il n’avait pas aimé non plus le fait que les hommes du Commando Hubert soient entraînés à plonger seuls alors que la politique du SBS voulait que nous plongions toujours par binômes au cours des entraînements, lorsque nous utilisions des appareils respiratoires à circuit fermé ou que nous nous dispensions d’utiliser des flotteurs pour marquer notre position en surface. En tant que soldat, je sais que nous nous respections et que nous appréciions mutuellement. Je regrette simplement que nous n’ayons jamais eu l’opportunité de rendre aux hommes du Commando Hubert leur invitation à Poole… et la possibilité de venger ces terribles défaites qu’ils nous avaient infligées à la course."
Duncan Falconer
Auteur de "En première ligne" (récit) et "L'otage" aux éditions Nimrod
passionnant ! Il avait raconté cette histoire plusieurs fois à Paris, la coopération avec les plongeurs français était un question récurrente.
Je vais publier quelques nouvelles de l'auteur sur le blog 22SAS12 prochainement.
Rédigé par : MENATOR | 16 février 2008 à 11:58
Merci beaucoup pour ce témoignage hors du commun !!!
Rédigé par : herve2005 | 16 février 2008 à 13:30
merci françois :)
Rédigé par : romain | 19 février 2008 à 12:46
je m etonne que les gars de chez Hubert plongent seuls. a ma connaissance j ai un doute. peut etre que les sbs aussi bons soient ils n etaient pas dans le " rytme" des nageurs de combat francais au meme titre que les marines americains ont lache prise au centre d entrainement en jungle des legionnaires en guyanne il y a quelques annees...bien que les brits soient tout de meme plus rustiques que les boys de l oncle sam. les francais et les italiens ont semble t il garde une avances sur les autres nageurs .
Rédigé par : philippe | 19 février 2008 à 18:55
@ Philippe : je poserai la question... Les procédures étaient peut-être différentes lorsque Duncan leur a rendu visite...
Rédigé par : François | 20 février 2008 à 00:13
Tout à fait d'accord avec Philippe! On voit bien que dans son livre "En première ligne" Duncan defend avec une ferveur peu commune son unité. Qui n'a rien de comparable dans le monde selon lui. Mais même si c'est à son honneur je pense qu'il en rajoute un peu. De plus les français je pensent excellent aussi dans se milieu après tout c'est nous qui avons inventé l'oxygers.
Et d'ailleurs d'autre chose m'ont interpelé dans son livre : Sa remarque sur l'opération Bravo Two Zero; je pense pas qu'a la place d'Andy il aurait fait mieux... Et au moment de sa sélection lorsqu'ils ont du porter 80 Kilos sur prés de 30 bornes dans un terrain accidenté. Je reste un peu sceptique (Comme il l'aime à le répéter se sont plus des tri-athlètes que des terminators)...
Malgré tout j'ai bien aimé son livre et son unité mérite l'équivalence en terme de notoriété sur celle des SAS.
Son roman aussi j'ai bien aimé il mériterait de sortir en film (mais mon cœur continu de pencher sur andy...)
Rédigé par : Nicolas | 21 février 2008 à 10:54
la photo date de quand ?
2005 ?
on sent la fatigue sur son visage.
Rédigé par : MENATOR | 22 février 2008 à 12:10
Yes, novembre 2005. Son hôtel explosait quelques jours plus tard dans un attentat au camion piégé. Il a mis deux semaines à se remettre de l'onde de choc.
Rédigé par : Francois | 24 février 2008 à 23:23